Comment utiliser les constructions « avoir à faire » ou « avoir affaire » sans se tromper ?
Vaste sujet, tant les distinctions sont subtiles ! Ces expressions, composées avec le verbe avoir, sont parfois source de confusion. Selon ce que l’on souhaite exprimer, l’écriture de ces constructions change. Je vous détaille ci-dessous les différentes formules existantes, assorties d’exemples.
Avoir à faire
Sens : Exprime une obligation ou une tâche à accomplir ; devoir faire (quelque chose), être dans l’obligation d’accomplir (quelque chose).
- Vous avez à faire ce dossier pour demain.
- J’ai à faire une visite cet après-midi.
- Elle espère n’avoir jamais à faire un tel choix.
💡Astuce pour savoir s’il faut bien écrire avoir « à faire »
Il est possible, dans cette construction, d’inverser l’ordre des termes, sans changer le sens de la phrase :
- Vous avez ce dossier à faire pour demain.
- J’ai une visite à faire cet après-midi.
- Elle espère n’avoir jamais un tel choix à faire.
Dans ces emplois, le verbe faire est souvent accompagné d’un pronom ou d’un adverbe de quantité :
- Depuis ce matin, il n’a rien à faire.
- Je ne peux rester avec vous, j’ai beaucoup à faire au jardin.
- Je suis un peu découragée, il y a trop à faire.
- Ne la dérange pas, elle a bien assez à faire.
Et parfois, le complément du verbe est totalement absent, sous-entendu :
- Nous ne pouvons pas venir ce soir car nous avons à faire. (= nous avons quelque chose à faire, nous sommes occupés)
Avoir affaire
Sens : Être confronté à, être en rapport avec, être en présence de, faire face à (quelqu’un ou quelque chose)
Avoir affaire à quelqu’un = se trouver en rapport avec lui, avoir à lui parler, avoir à discuter avec lui.
Cela implique parfois une relation non égalitaire, comme celle d’un subalterne à un supérieur :
- J’ai eu affaire à un employé très compétent.
- Nous avons eu affaire à la cheffe pour lui présenter notre projet.
- Il vaut mieux avoir affaire au roi qu’à ses laquais.
- Vous avez eu affaire à plus forts que vous.
Avoir affaire à quelque chose = avoir à s’en occuper, être en présence de cela :
- Nous avons affaire à un problème technique avec notre voiture.
- Elle a eu affaire à un obstacle imprévu.
- Vous avez affaire à un cas exceptionnel.
Avoir affaire avec quelqu’un = avoir à traiter, à débattre une affaire avec quelqu’un.
La préposition avec met l’accent sur une relation de réciprocité entre les deux parties, avec une idée de transaction, de négociation, où il est question de traiter d’affaires communes :
- Nous voyons notre avocat lundi, nous avons affaire avec lui concernant notre contrat de mariage.
- J’ai affaire avec notre fournisseur demain.
- Elles ont affaire avec leurs collaborateurs.
📒À noter que l’on peut également trouver les deux constructions « à faire » et « affaire » au sein d’une même phrase. C’est là que la distinction est subtile car les deux écritures sont en rapport avec le même sujet, pourtant ce qui en découle implique une notion différente.
- J’ai rendez-vous avec le notaire car j’ai affaire à/avec lui au sujet de la vente de ma maison, et sur ce point, j’ai (beaucoup) à faire avec lui !
=> J’ai rendez-vous avec le notaire car j’ai affaire avec lui au sujet de la vente de ma maison = je suis en relation/en contact avec lui.
=> et sur ce point, j’ai (beaucoup) à faire avec lui = nous avons ensemble (beaucoup) de choses à effectuer/réaliser pour conclure cette vente.
Donc, selon l’écriture, le sens varie bien :
- J’ai affaire avec mon associé. (= je suis en relation avec mon associé)
- J’ai à faire avec mon associé. (= nous avons du travail à réaliser)
Autre déclinaison
Avoir affaire de (+ nom ou + verbe à l’infinitif)
Sens : Avoir besoin de, être concerné par.
Cette locution est vieillie, et ne subsiste que dans un registre recherché et soutenu :
- Qu’avait-il affaire de s’en mêler ? (= pourquoi avait-il besoin de s’en mêler ?)
- Qu’ai-je affaire de ces conseils ? (= que puis-je faire de ces conseils ?)
- Qu’avons-nous affaire de perdre notre temps en palabres ?
Mais du fait de l’emploi vieilli de cette formule, il est d’usage d’écrire plutôt « à faire » au lieu de « affaire » :
- Qu’ai-je à faire de ces conseils ? => Je n’ai rien à faire de ces conseils. (= je n’en ai pas besoin ; je n’en ai rien à faire)