Les verbes faibles dans un récit

Les verbes faibles dans un récit : Comment les identifier et les remplacer pour enrichir un texte ?

Lors de tout processus d’écriture, le choix des verbes joue un rôle fondamental dans la transmission des émotions et la dynamisation de l’intrigue. L’utilisation d’un trop grand nombre de verbes dits faibles, ternes ou pauvres, peut alors desservir le texte. Comment les identifier et les remplacer pour rendre un récit plus vivant et impactant ?

Qu’est-ce qu’un verbe faible ?

Les verbes faibles sont ceux qui manquent de précision ou de force évocatrice. Ils sont souvent vagues et ne transmettent pas suffisamment d’informations sur l’action qu’ils décrivent.

Les plus courants et considérés comme faibles, dans le cadre d’une narration, sont : être, avoir, faire, aller, dire, mettre, pouvoir, vouloir.

Par facilité, ils sont employés très souvent à l’oral, comme à l’écrit, car ils semblent convenir à tous les contextes. Mais bien qu’ils puissent être utiles dans certaines situations, trop en user peut rendre un récit plat et monotone.

Comment reconnaître les verbes faibles ?

Pour identifier un verbe faible, poser les questions suivantes :

  • Le verbe est-il spécifique ?

Si le verbe décrit une action générique sans précision, il peut être considéré comme faible.

  • Le verbe apporte-t-il une image mentale claire ?

Les verbes faibles manquent souvent d’impact visuel ou émotionnel.

  • Le verbe se remplace facilement par un synonyme plus fort ?

Si oui, il s’agit probablement d’un verbe faible.

Pourquoi remplacer les verbes faibles ?

Remplacer les verbes faibles par des verbes plus expressifs apporte de la richesse au texte. Cela accentue l’émotion, clarifie l’action et favorise l’immersion du lecteur dans l’histoire. Ce dernier est alors amené à ressentir ce que vivent les personnages et à visualiser les scènes décrites. Des verbes forts donnent ainsi du rythme à la narration et rendent les sentiments et les actions des personnages plus tangibles.

De plus, leur côté neutre, incite à en abuser dans tous les contextes. Or, leur répétition crée un effet de redondance, néfaste pour le lecteur, qui finira par s’ennuyer à lire toujours les mêmes mots.

Par ailleurs, les verbes être, avoir et faire nécessitent des compléments. Le fait d’employer des verbes riches à leur place raccourcit donc les phrases, en les rendant plus directes.

Exemples :

« Être au-dessus de » devient « Surplomber » – « Faire à manger » devient « Cuisiner » – « Avoir envie de » devient « Souhaiter » – « Avoir du mal à » devient « Peiner à » – « Aller dehors » devient « Sortir », etc.

Comment remplacer les verbes faibles ?

  1. Identifier l’action précise que le verbe faible essaie de décrire.
  2. Chercher des synonymes qui décrivent cette action de manière plus vivante et privilégier des verbes d’action qui font avancer le récit.
  3. Considérer le contexte de la phrase pour choisir le verbe qui correspond à la tonalité souhaitée. Par exemple, incorporer des verbes sensoriels qui font appel aux émotions ou décrivent des sensations.

Exemples de remplacements

Verbe faire

Il a fait un repas spécial pour son père. => Il a concocté un repas spécial pour son père.

Elle fait un feu. => Elle allume un feu.

Vous ne ferez plus cette erreur. => Vous ne commettrez plus cette erreur.

Verbe dire

Il dit à voix basse. => Il murmure / chuchote / souffle…

Elle dit être innocente. => Elle clame son innocence.

Il dit un vague oui dans sa barbe et poussa un soupir. => Il soupira et grommela un vague assentiment.

Verbe voir

Elle a vu la scène de loin. => Elle a observé la scène de loin.

Il voit un beau paysage qui défile. => Il contemple le beau paysage qui défile.

Verbe être

Il est en colère. => Il bouillonne de colère.

La fillette était en train de faire ses lacets. => La fillette laçait ses chaussures.

 Verbe avoir

Il avait peur d’entrer dans la tour. => Il craignait d’entrer dans la tour.

Elle avait froid. => Elle frissonnait.

Il y avait une bonne odeur qui l’attirait. => Une odeur alléchante l’attirait.

 Remarque

Il n’est pas nécessaire d’utiliser des verbes compliqués ou pompeux pour préciser l’action ou le sentiment évoqués par le verbe faible.

Ainsi, dans les exemples précédents, « concocté » évoque une action plus précise et suggère une implication personnelle, « observé » indique une attention plus soutenue, suggérant que le personnage s’immerge dans l’instant et « bouillonne » illustre un état émotionnel intense, le rendant presque palpable.

Les verbes précis peuvent donc être simples et accessibles, l’important étant de les choisir avec soin pour clarifier l’action à décrire.

Une autre possibilité d’éviter les verbes faibles est de simplement changer l’angle de la phrase.

Exemples :

Il avait des yeux bruns malicieux. => Il possédait des yeux bruns malicieux. => Ses yeux bruns brillaient de malice.

Dans cet exemple, la phrase écrite sous un angle différent est plus parlante que par le simple remplacement du verbe faible « avait » en « possédait ».

Elle n’est pas contente de la façon dont les choses se passent et elle veut s’en aller. => Mécontente de la tournure des évènements, elle décide de partir.

Là encore, la reformulation de la phrase dynamise la narration.

Quel pourcentage acceptable de verbes faibles dans un texte ?

Le taux de verbes faibles dans un texte se calcule en faisant le ratio entre le nombre total de verbes et le nombre de verbes faibles.

< 10 % : le texte est riche et vivant.

± 10 % : moyenne raisonnable de présence de verbes faibles dans un récit.

> 10 % : fourchette haute, au-delà de laquelle la réduction du nombre de verbes faibles redynamisera le texte.

Dans tous les cas, il est fortement conseillé de ne pas dépasser les 15 %.

Mais attention, il ne faut pas non plus remplacer systématiquement tous les verbes faibles ! Cela peut créer des ambiguïtés. Un texte trop riche, avec un vocabulaire trop compliqué peut également fatiguer le lecteur. On ne peut pas toujours se passer des auxiliaires être et avoir, par exemple.

Il faut donc trouver le bon équilibre. Tout est une question de dosage.

 L’utilisation de verbes descriptifs et spécifiques dans un récit contribue à créer une atmosphère riche et immersive.

Sans pour autant remplacer tous les verbes faibles, en limiter le nombre par l’emploi de verbes plus expressifs, transforme une narration plate en un récit plus vivant, enrichi le style, captive le lecteur et donne vie aux histoires. Les idées sont clarifiées et le message plus puissant et engageant.

Le fait de limiter les verbes faibles participe donc à rendre un texte plus précis, plus dynamique et plus court.

 

Pour aller plus loin :

Deux exemples concrets de l’enrichissement d’un texte contenant des verbes faibles et des répétitions.

Texte no 1 avec des verbes faibles :

Il pleuvait doucement ce matin. Marie se leva et regarda dehors. Elle vit les gouttes tomber et se demanda si elle devait sortir. Elle fit son café et attendit. Son ami Paul arriva à l’heure. Ils parlèrent de la météo et passèrent un bon moment ensemble. Après un moment, ils allèrent au parc. Ils marchèrent lentement et profitèrent de la fraîcheur de l’air. Dans le parc, ils regardèrent les enfants jouer. Au bout d’un moment, ils allèrent sur un banc. Ils riaient et discutaient, heureux de se retrouver. Le temps passa vite et ils réalisèrent qu’il était temps de rentrer. Marie proposa de faire une balade encore un peu. Ils se levèrent et rentèrent.

Texte avec des verbes plus expressifs :

Ce matin, tombait une pluie fine. Marie se réveilla et scruta l’horizon par la fenêtre. Elle observa les gouttes glisser et s’interrogea sur une éventuelle sortie. Elle prépara son café et patienta. Son ami Paul frappa à la porte à l’heure prévue. Ils plaisantèrent sur la météo, savourant chaque instant. Après ce moment de complicité, ils décidèrent de se rendre au parc. Ils déambulèrent, s’immergeant dans la fraîcheur revigorante de l’air. Au jardin public, ils contemplèrent les enfants s’ébattre joyeusement. Peu après, ils s’installèrent sur un banc, riant et discutant, comblés de se retrouver. Le temps s’éclipsa rapidement et ils prirent conscience qu’il était temps de rentrer. Marie suggéra de prolonger encore un peu leur promenade. Ils se levèrent et empruntèrent le chemin du retour, le cœur léger.

Texte no 2 avec des verbes faibles :

Pauline se posait de nombreuses questions sur son récit. Elle voulait écrire une histoire passionnante. Chaque jour, elle allait à son bureau. Elle prenait son ordinateur et se mettait à réfléchir. Parfois, elle regardait à l’extérieur et voyait les passants. Elle pensait à ses personnages. Ils étaient de simples esquisses dans son esprit. Pauline notait ses idées sur un carnet. Mais elle avait du mal à se concentrer. Elle se disait qu’elle devait trouver une intrigue intéressante. Des heures passaient sans qu’elle avance. Finalement, elle se levait pour faire une pause. Elle se faisait une tasse de thé et s’asseyait sur son balcon. Elle regardait le ciel et laissait ses pensées vagabonder. Soudain, une idée lumineuse lui venait à l’esprit. Elle retournait à son bureau, prête à écrire.

Texte avec verbes plus expressifs :

Pauline s’interrogeait intensément sur son récit. Elle aspirait à créer une histoire captivante. Chaque jour, elle s’installait avec ferveur à son bureau, saisissait son ordinateur et se plongeait dans la réflexion. Parfois, elle scrutait l’extérieur, observait les passants, et imaginait ses personnages prendre forme dans son esprit, griffonnant ses idées dans un carnet. Cependant, elle peinait à se concentrer. Elle se répétait qu’elle devait dénicher une intrigue palpitante, mais les heures s’égrenaient sans qu’elle progresse. Finalement, elle se levait pour s’accorder une pause. Elle préparait une tasse de thé réconfortante puis s’installait sur son balcon, d’où elle contemplait le ciel, laissant ses pensées vagabonder. Soudain, une idée brillante éclairait son esprit. Elle regagnait alors son bureau, prête à donner vie à son récit.

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